Un cours d’histoire romancé

logo-dManhattan Marilyn, de l’auteur Philippe LAGUERRE, 334 pages officielles, disponible en version électronique et en version brochée, paru aux Éditions Critic en mai 2017.

 

Résumé : Je vous invite à suivre les péripéties de Kristin ARROYO, une ancienne marine, qui devra fuir la mafia italienne suite à une découverte plus qu’étonnante concernant une idole de tous les temps : Marilyn Monroe. Tout commence avec des photos de la star retrouvées dans les affaires du grand-père de Kristin. Puis, tout s’enchaîne, Kristin va devoir user de stratégies pour ne pas se faire tuer. Qu’a t-elle découvert qui mette sa vie et celles des autres en danger de mort ?

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Ma période -thriller- est à son apogée en ce moment et se poursuit avec le thriller historique que nous propose l’auteur, Philippe LAGUERRE. Alors, je me mets dans l’ambiance (même si un peu trop clichée, tant pis, c’est trop bon !).

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Un – The Sang- avec son incontournable sauce barbecue. Ce Burger Top Secret de chez Burger Factory à Seraing ajoute à ce thriller historique la touche américaine qui manquait à mon décor. Simple et efficace.

C’est la première fois que je lis un thriller historique et comment vous dire que je suis conquise ? J’ai vraiment aimé cette histoire qui nous plonge au cœur des USA des années 50 à nos jours. Les États-Unis sont abordés sous deux angles que je trouve particulièrement intéressants et vraiment bien mis en relief par l’auteur.
Il nous propose en premier lieu, une vision « paillettes » du pays, où la célébrité rime avec succès et à sa tête, il place la très célèbre idole, Marilyn Monroe. Qui n’a pas entendu parler de cette star incontournable du vintage et de la beauté ? Une vision haute en couleurs et en caractère, qui contraste parfaitement avec, en deuxième lieu, des thèmes toujours d’actualité de nos jours mais plus trash comme, la discrimination et le racisme envers les étrangers et les personnes de couleurs que connaît (et connaîtra ?) le pays, mais aussi la douloureuse réintégration des soldats qui reviennent de la guerre.
Je me questionne alors sur la difficulté pour un ancien soldat de retrouver sa terre natale et de gérer son quotidien. Il semble y avoir des laisser pour compte dans le lot qui finissent malheureusement dans la rue (je ne dénonce pas l’économie américaine mais c’est une réalité, comme dans beaucoup de pays).
De ce fait, j’aime que des SDF, d’anciens soldats eux-aussi, puissent venir en aide à Kristin, lorsqu’elle devra échapper à ses ravisseurs. L’image du souterrain du métro est alors brillamment choisie pour parler de ces hommes de l’ombre qu’on ne prend plus la peine de regarder lorsqu’on se promène dans la rue, bien trop occupés à suivre notre train-train quotidien. On peut alors poursuivre notre questionnement sur la manière et les aides qui permettent à ces anciens marines de trouver leurs places, après avoir vu des horreurs et quelles séquelles en gardent t-ils ?

De plus, j’aime cette double vision de l’engagement que nous livre l’auteur : à la fois visible du fait que les thèmes de l’armée et de la défense (si cher aux USA) soient présents dans ce roman et que les compétences des soldats soient mises en avant, mais à la fois sur les convictions que défend Kristin lors d’un mouvement communautaire, car c’est ce qui l’anime. Soit, l’engagement envers sa nation et celui plus personnel d’avec ses valeurs. Le concept de l’engagement est complété avec celui de la loyauté car, comme je l’ai mentionné, d’anciens soldats devenus SDF allaient aider Kristin dans sa fuite.

Ne négligeons pas les difficultés pour un enfant unique de s’occuper des papiers administratifs lorsque nos parents disparaissent. C’est ce qui arrive à Kristin. Déracinée de tout, elle n’a plus d’attache. Pourtant les USA sont le seul territoire qu’elle connaît. Kristin, est décrite comme une femme forte, qui affronte son ennemi et ne fuit pas les dangers. Elle est réfléchie et stratège, ce que je préfère dans son personnage, car il donne du relief à d’autres moins dans le feu de l’action et plus basés sur l’apparence comme celui de Michael. Là encore, l’auteur poursuit la double identité du pays. Il est intéressant également de constater que Kristin porte une cicatrice, stigmate de sa vie militaire. Questionnez-vous sur ceux que vous portez… Son apparence, loin de celle de la pin-up, Marilyn, est sur le devant de la scène lors d’une exposition de photos. Utiliser la photographie permet à mon sens, de laisser une trace de l’engagement que porte Kristin et de l’image de gloire de Marilyn qu’aime diffuser un pays. Puis, nous voilà confronter comme Kristin, à s’imaginer face à son propre reflet via un objectif. Quel exercice difficile… Capter l’instant « T » via un appareil photo pour sublimer un caractère rebelle comme celui de Marilyn est alors très bien mis en scène.

J’entre dans le vif du sujet à présent car l’univers de la mafia italienne fait son entrée. Même s’il est vrai que j’aurais apprécié plus de détails sur les personnages mafieux, des discours plus travaillés et une ambiance plus terrifiante de ce monde du crime et de la corruption, l’auteur nous en dresse les principales caractéristiques : la mort et le secret. Le concept de la « dette » fait alors échos à ce monde assez noir. Tuer est une réponse qui s’avère être cohérente avec le fait d’avoir une dette envers quelqu’un. Tuer un être cher pour protéger un secret devient presque « logique ». Le pouvoir qu’à une promesse est décrit avec émotions, digne des films mettant en scène des Samouraïs sauvant l’honneur de leur famille en se donnant la mort…
Découvrir la vérité sur les photos inédites de Marilyn devient alors la priorité de Kristin. J’apprécie alors qu’il faille enquêter pour découvrir la vérité. Comme Marcus pour découvrir celle sur l’affaire Harry Quebert. Car il s’agit d’une vérité autre que celle véhiculée par les médias. J’aime ce sous-entendu qui dénonce en quelque sorte la corruption souterraine vis-à-vis des médias car pour preuve ici, l’argent aura raison d’eux.  La façon dont on peut truquer la vérité est le message caché que j’ai trouvé et qui est bien tourné.

Je découvre la ville de Manhattan et ses envions lors des nombreuses courses poursuites qui se trament dans ce roman. J’ai l’impression de lire en quelque sorte une version écrite du film « Certains l’aiment chaud » de Billy WILDER (avec comme actrice Marilyn) et j’en suis ravie car j’ai beaucoup apprécié ce film en noir et blanc (peut-être même le seul^^).
Je suis toute excitée à l’idée de découvrir le secret autour de la mort de Marilyn. Et je dois dire que les chapitres courts et fluides et les nombreux rebondissements me le rendent bien !
Ce thriller historique reprend selon moi, l’histoire d’une Amérique controversée aux deux visages : un visage doux et aimant, chaleureux et sensuel et un autre où le port d’armes, le lobbying, la corruption et la mort, règnent. Le tableau de ce pays est contextualisé avec brio par l’auteur. Enfin, faire revivre l’idole de l’Amérique est également une prouesse respectée par l’auteur car son image et ses mémoires ne sont en rien vulgarisés ou détournés. De quoi ne pas se mettre à dos les nombreux fans de l’actrice ! Un très bel ouvrage en mémoire de Marilyn que je recommande. Merci à l’auteur pour sa gentillesse et pour m’avoir envoyé son livre en SP.

L’homme, visiblement un illuminé, s’assit sur le banc, juste à côté de lui. Il ne le regarda même pas. Il ne semblait avoir d’yeux que pour ses oiseaux. L’étrange individu prit une poignée de morceaux de pain dans le sac pendu à son épaule qu’il lança sur le sol devant lui. Aussitôt de nombreux volatiles vinrent se poser devant lui.
Devant un tel spectacle, Michael ne put s’empêcher de sourire – pas longtemps cependant, tandis que l’homme lui soufflait.
– Vous êtes suivi.

 

 

 

Et vous l’avez-vous lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

Quelle image de l’Amérique avez-vous ?

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