T’écrire en janvier…

Le 26 janvier 2019, Liège

Aujourd’hui, nous travaillons toujours le thème du récit de vie. Cette fois, nous nous intéressons à l’écrivain français, Georges PEREC. Né le 7 mars 1936 à Paris 19ᵉ et mort le 3 mars 1982 à Ivry-sur-Seine. Membre de l’Oulipo à partir de 1967, il fonde ses œuvres sur l’utilisation de contraintes formelles, littéraires ou mathématiques, qui marquent son style. Il évoquera aussi son absence de souvenirs avant ses trois 3 ans et c’est de ce fait que nous nous inspirerons.

Se mettre à l’écriture :

  • Écrire un texte à partager en binôme. Il s’agira d’un texte sur l’engagement (par exemple : religion, politique, amoureux…).
  • Parler de son engagement de façon contextualisé, à son voisin de droite.
  • Ensuite, chacun écrit un texte avec les éléments qu’il a récolté, en imaginant le contexte d’engagement. Inventer un autre personnage qui aurait les mêmes caractéristiques et valeurs.
  • Le terme « engagement » peut signifier : quelque chose qui nous fait penser et agir activement, quelque chose qui nous motive au quotidien. Se demander : qu’est-ce qui est important pour moi ?

Me concernant :

  • Découvrir de nouvelles choses,
  • Partager plusieurs versions du monde,
  • Enquêter, démêler le vrai du faux,
  • La justice, rester honnête,
  • Accomplir quelque chose de grand, laisser une trace de mon existence dans l’histoire,
  • Comprendre le fonctionnement humain, comprendre le pourquoi des choses,
  • Lire, en parler,
  • La psychologie et la psychiatrie.

Concernant mon binôme :

  • Injustice, sans-abris,
  • Vivre malgré tout en leur venant en aide,
  • Les agents de l’aide sociale me connaissent,
  • Mes parents non préoccupés par cela,
  • Ma fille connaît des SDF depuis le lycée,
  • Soutien envers les sans-abris,
  • Mes parents aidaient leurs voisins mais sans être engagés dans une cause.

Ce que j’ai fait de ces éléments :

Le monologue de l’engagement social de la rue

Vous vous attendez peut-être à ce que je vous confie mon ancienne vie de sans-abris, la façon dont les gens m’ont ignorée, m’ont crachée dessus; le souvenir de ce jour où j’ai quitté le domicile familial suite à l’annonce de ma grossesse ou de mon homosexualité ou pire, la façon dont j’ai été chassée brutalement  par mes parents. Enfin, une raison qui expliquerait mon engagement envers cette cause. Au risque de vous décevoir, j’ai vécu une vie des plus normale. J’ai été élevée par des parents tout à fait « normaux », on ne peu plus aimables et serviables envers leurs voisins. Des parents comme on en fabrique encore parfois.

Alors qu’en est-il ?

Pour vous, j’ai mené mon enquête. je suis remonté loin dans mes souvenirs. Mais, au risque de vous décevoir, je n’ai pas trouvé la raison qui me pousse à contacte le CPAS quand j’aperçois un sans-abris en détresse ni même celle qui me fait m’avancer pour parler à ce « porte-pancarte qui pue la pisse » comme j’ai déjà entendu.

Peut-être que ça ne vient de nulle part finalement. Peut-être suis-je simplement gentille ? Peut-on être juste « gentil » ? C’est la question que je me pose chaque fois que j’endosse le corps de – Mère Thérésa- comme dirait ma fille, Lisa.
En évoquant son prénom. Je me remémore cette scène chez ma psy. Une femme grande et brune comme il y en a des centaines sauf que cette grande femme brune porte le même prénom que ma fille, Lisa. Lisa MILLERS. Elle me demande souvent de lui parler de mon enfance, de refaire mon arbre généalogique… Je passe alors mes séances à 120€ de l’heure à lui parler de mes parents, de mes grands-parents, de ma famille, de tout sauf ce qui expliquerait pourquoi je déteste autant l’injustice sociale, car elle ne peut pas faire – de connexions – comme elle dit.
Ce qui me pousse alors à croire que mon engagement m’est dicté par une présence surnaturelle. Peut-être qu’il vient des tripes ? Peut-être que sa source est simplement inavouable ? Ni point A, ni point B, ni point Z. Sans fil conducteur. Sans identité comme cette chose hideuse emmitouflée dans une couverture trouée. Indéfinissable. Insaisissable. Inexistante. Peut-être n’a t-il pas de sens ? Peut-être est-il flou comme mon reflet lorsque je me regarde dans le miroir. C’est peut-être ça. C’est peut-être mon propre reflet que je vois en chacun de ces hommes et de ces femmes pieds nus dans les rues glacées. Je me viens simplement en aide.
Je chasse ma solitude.

Alexandra.