La métaphore du handicap

Je lis des auto éditéslogo-dMémoires d’éléphant, de l’autrice Chloé GUILLOT ELOUARD, 300 pages, disponible en version brochée ou en version électronique sur Amazon, paru le 14 février 2019.

 

Le résumé selon Jimmy, sa rencontre avec Christopher, un adulte qui se promène en pyjama, a été surprenante et non choquante. Charline vous dira que les adultes ça craint parfois. Christopher se retiendra de faire pipi sur lui. Agnès tentera de corriger ses copies de la fac tout en prenant garde de rester dans les traces de Nina et de Simon, ses beaux-parents qui ont malheureusement perdu leur fils, Lucas, le père de Jimmy, dans un accident de voiture. Vous me suivez ?

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Je reste dans le thème de la mémoire avec le magnifique roman de l’autrice Chloé GUILLOT ELOUARD – Mémoires d’éléphant. Elle m’a offert une vision dramatique de l’acceptation du handicap et du poids qu’ont les regards des autres sur celui-ci. Pari gagné pour l’autrice qui nous plonge dans un univers de douceur, de mépris, de violence cachée. La couverture du livre me fait penser à un univers enfantin comme celui de « Wonder », de l’autrice R.J. PALACIO. La couverture est très colorée et très vive et, appelle à tourner la page pour commencer la lecture.

Comme à chaque fois que je lis une citation, je m’attends à en comprendre le sens à travers ma lecture. Ici, je suis servi et, je l’interprète comme étant un avertissement pour me permettre de faire attention à ce que ce mot signifie : l’intelligence.

Parlons des nombreux personnages de ce roman. Dès les premières lignes, je fais la connaissance d’Agnès, la mère de Jimmy. Elle semble sensible aux regards des autres et se veut de garder son image de -Madame Parfaite-. Cette image de la femme mère célibataire qui élève seule son enfant, soulève la difficulté de tenir face à la pression d’assurer au quotidien. Surtout quand on côtoie des personnes carrées dont pas un cheveux ne dépasse. De plus, elle porte une dette envers ses beaux-parents qui l’ont soutenue après le décès de son mari. Une dette lourde de conséquences, car elle ne permet pas à Agnès de s’épanouir véritablement, cherchant toujours à se faire bien voir de ses derniers. Cette pression se transpose également sur Jimmy, qui lui subit le harcèlement d’un de ses camarades, parce qu’il porte l’étiquette de -l’intello de la classe-.
Le personnage de Jimmy est vraiment attachant. Sa volonté de bien faire les choses, de gérer ses angoisses est émouvante. Le fait qu’il soit souvent livrer à lui-même, lui avise difficilement l’apprentissage de la solitude et de l’indépendance. La peine qu’il éprouve pour parler de ses émotions renverrait-elle au fait que sa mère elle-même ait du mal à tourner la page de décès de son mari ? De quoi Jimmy a-t-il peur au juste ?
Son amie et son amoureuse secrète, Charline est un personnage au caractère fort qui contraste avec la douceur que Jimmy incarne. J’aime son côté rebelle et son franc parler. Je trouve qu’ils se complètent à merveille !
Christopher est un adulte présentant un retard mental. Son père, Clovis, le protège du mieux qu’il peut mais, ne cesse de l’enfermer dans sa tour car il a peur que son fils souffre trop et, que certaines personnes l’embêtent. C’est un message que l’autrice souhaite nous faire passer. Christopher est un être très émotif qui ne fait de mal à personne, et qui essaie tant bien que mal de mener une existence paisible en gérant au mieux ses angoisses. Si nous prenons le temps de connaître ces personnes dans notre vie, elles peuvent nous permettre de changer notre point de vue sur le handicap qui peut être associé à la peur de l’inconnu. Croyance négative et irrationnelle.

L’apparition de Puppy, le doudou de Christopher est superbement amenée. Le petit clin d’œil de l’Amérique où habite l’autrice est bien glissé. Je fais l’hypothèse que Jimmy aime Puppy l’éléphant en peluche, qui n’est plus très neuf car il serait écorché vif comme lui à l’intérieur.

J’aime ce rôle poussé qu’ont les parents des enfants. Toujours à vouloir protéger. Mais protéger quoi dans le fond ? Leurs enfants ou l’image que leur handicap renvoie ? Est il bon pour les enfants, de les protéger de tout (mon extérieurs, personnes…) ? Ne fait-on pas alors aggraver leurs angoisses et la peur de s’exposer au monde en les privant de faire leurs propres expériences de la vie ?
C’est drôle la façon dont le rôle de la mère, absente du foyer, est présente dans ce roman avec en contraste le père de Jimmy décédé et celui de Christopher trop protecteur. Les émotions sont soient tuées soit disproportionnées. La recherche d’un équilibre se veut être en arrière plan, le temps que cette idée mûrisse pour Agnès principalement.
Ce portrait disproportionné laissent naturellement place à des secrets de familles, des non-dits, qui rendent le roman plus profond et les mystères plus attrayants.
La distance instaurée entre les parents et les enfants est visible dans l’absence de gestes tendres les uns envers les autres. Le métier de professeure de la mère de Jimmy serait-il un clin d’œil pour souligner le fait que l’apprentissage de l’amour familial est un travail à réaliser pour Agnès ?

Ce qui m’a le plus marquée et que j’ai adoré par dessus tout est, le nombre fou de métaphores imagées que l’autrice a glissé dans son roman. Les avez-vous comptabilisées ? Un exemple rien que pour vous : à un moment, Jimmy paie la boulangère avec des pièces rouges, elle met alors longtemps avant de compter l’ensemble et voir si le compte est juste. Il veut lui montrer que le temps est une denrée rare et, qu’elle ferait bien de l’apprécier, au lieu d’être grognon tous les jours. Magnifique non ? Ce roman ne comporte pas d’images mais ces métaphores viennent divertir notre part de création et d’imagination des scènes.

L’autrice aborde la notion du deuil à la fois d’un parent mais aussi d’une façon de vivre qui ne nous convient pas. Jimmy mange t-il beaucoup pour combler ce vide ? C’est une belle image que de laisser la place à la génération suivante même si l’image de la mort encercle cette idée. Le style de l’autrice est doux et fluide. Elle évoque de nombreux sujets forts avec une sensibilité qui me touche. Je suis rentrée très facilement dans l’histoire.

C’est lorsque je m’y attends le moins que l’histoire prend une toute autre tournure. Je suis vraiment surprise des rebondissements mais, je vous rassure dans le bon sens. J’adore vraiment la façon dont l’autrice a bousculé mon petit moment de lecture qui se voulait -tranquille- et que je pensais intouchable. Elle m’a secouée et je l’en remercie ! Aussi surprenant que la couleur pétillante que renferme le kiwi. Les petits grains représentent pour moi le sel de la vie…

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Un Sanglot psychologique qui me fait penser au kiwi. Fruit qui rebute par son apparence poilue, à l’intérieur se cache pourtant le rêve d’une vie pleine de peps… Trouvez le votre chez votre commerçant de proximité.

L’autrice nous permet de réfléchir quant au regard que l’on porte sur le handicap. A travers ce roman d’une douceur sans égal, le message passe de façon non agressive : la discrimination et les jugements font plus de mal qu’autre chose et, desservent un avenir plus serein. C’est fou comme les enfants portent en eux l’héritage de leurs parents : parlez à vos enfants, pour leur éviter de refaire les mêmes erreurs que vous regrettez aujourd’hui, tout en leur laissant leur part d’expérience personnelle. Un petit message pour les personnes attachées à l’image qu’elles renvoient : pourquoi vous sentez-vous obligé de conserver une image qui ne vous correspond pas et ne reflète pas les facettes de votre personnalité, osez l’aventure ! Enfin, les non-dits et les secrets de famille isolent tous les membres qui la compose, effaçant ainsi toute notion de bonheur, ce qui est très visible dans ce roman et merveilleusement bien décrit.

Le mot de Chloé :
J’aime bien me dire qu’à la fin de ce livre, vous aurez gagné un peu de courage et de bienveillance envers les autres et envers vous-même.

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Et vous l’avez-vous lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

Avez-vous une mémoire d’éléphant ?

Retrouvez toutes mes chroniques gourmandes dans les rubriques « Livres par auteurs » et « Livres par titres » !

Pour vous procurer ce roman allez visiter le site web de l’autrice juste . Vous pouvez aussi vous rendre sur Amazon en cliquant juste ici.

 

Atelier -T’écrire-

Hellow mes petits gourmands 🙂 J’espère que vous allez bien ?

Je vous propose aujourd’hui de vous faire un topos sur ma découverte de l’atelier -T’écrire-.

Suite à mes nombreuses recherches d’atelier d’écriture à proximité de Liège, jusqu’alors infructueuses, c’est avec enthousiasme et plaisir que je découvre l’ASBL BARRICADE. Cette association propose un atelier d’écriture deux samedis par mois dans les locaux de « la Librairie Entre-Temps« . Ce café-librairie propre à l’ASBL, propose principalement des livres accès autour des sciences politiques et sociales engagées. De temps à autre, des conférences sur des thèmes politiques ou économiques sont organisées. Je vous conseille si vous êtes dans les environs, de consulter leur agenda pour être au courant des prochains évènements.

 

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La salle qui nous inspire…

Un mail plus tard, me voici inscrite à mon premier atelier d’écriture en Belgique et pas trop loin de chez moi. Et là vous vous dites : OMG, elle va bousiller ses samedis après-midi (l’atelier se tenant de 14h30 à 17h30). Mais pas du tout ! Je n’ai vraiment pas l’impression de gaspiller mon temps, au contraire ! En décembre 2018, je découvre les lieux avec une certaines appréhension mais, mon excitation prend vite le dessus.

 

 

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Avec une magnifique vue

Des airs de coulisse de théâtre ou de vieux bistrot vintage sont de rigueur mais, ne vous fiez pas aux allures un peu dépareillées du lieu, le charme de l’ancien y œuvre et me pousse à traverser la petite librairie pour me rendre dans la salle derrière, jouxtant un bar.

 

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Et il y a même un petit coin collation !

 

Au fur et à mesure, les premiers participants arrivent. Nous nous retrouvons vite à plus de 10 écrivains en herbe autour de plusieurs tables regroupées. Une ambiance conviviale et agréable m’enlace. Puis, quoi de mieux qu’une magnifique vue pour trouver l’inspiration ? L’atelier est ouvert à tous, qu’importe votre âge ou votre style d’écriture. (Pssst ! Pas d’abonnement, pas de frais, l’atelier est gratuit !).

 

 

 

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Et voilà mon précieux où je consigne mes créations lors de cet atelier

La production littéraire au sens strict du terme est bannie et laisse place à un moment de riches échanges où chacun comprend la consigne à sa guise. Consigne en lien avec un thème proposé par Claudine, l’animatrice de l’atelier. En ce moment, le thème choisit est : le récit de vie. Claudine nous parle à chaque atelier d’un auteur qui traite ou se rapproche de ce thème, nous cite aussi un passage d’un livre ou une citation en rapport. Elle nous donne ensuite une consigne de travail pour nous guider dans l’écriture. A la fin de la phase d’écriture, un temps est consacré à la lecture à haute voix de notre production, au groupe. Car avoir des retours sur son écrit est favorable à l’amélioration de notre style d’écriture. J’y retourne avec plaisir !

 

Qui se laissera tenter ?

Et vous, écrivez-vous et/ou participez-vous à un atelier d’écriture ?

Racontez-moi votre expérience !

Découvrez toutes mes séances d’écriture, date après date, dans ma plume à l’édifice, rubrique : « T’écrire ».

T’écrire en janvier…

Le 26 janvier 2019, Liège

Aujourd’hui, nous travaillons toujours le thème du récit de vie. Cette fois, nous nous intéressons à l’écrivain français, Georges PEREC. Né le 7 mars 1936 à Paris 19ᵉ et mort le 3 mars 1982 à Ivry-sur-Seine. Membre de l’Oulipo à partir de 1967, il fonde ses œuvres sur l’utilisation de contraintes formelles, littéraires ou mathématiques, qui marquent son style. Il évoquera aussi son absence de souvenirs avant ses trois 3 ans et c’est de ce fait que nous nous inspirerons.

Se mettre à l’écriture :

  • Écrire un texte à partager en binôme. Il s’agira d’un texte sur l’engagement (par exemple : religion, politique, amoureux…).
  • Parler de son engagement de façon contextualisé, à son voisin de droite.
  • Ensuite, chacun écrit un texte avec les éléments qu’il a récolté, en imaginant le contexte d’engagement. Inventer un autre personnage qui aurait les mêmes caractéristiques et valeurs.
  • Le terme « engagement » peut signifier : quelque chose qui nous fait penser et agir activement, quelque chose qui nous motive au quotidien. Se demander : qu’est-ce qui est important pour moi ?

Me concernant :

  • Découvrir de nouvelles choses,
  • Partager plusieurs versions du monde,
  • Enquêter, démêler le vrai du faux,
  • La justice, rester honnête,
  • Accomplir quelque chose de grand, laisser une trace de mon existence dans l’histoire,
  • Comprendre le fonctionnement humain, comprendre le pourquoi des choses,
  • Lire, en parler,
  • La psychologie et la psychiatrie.

Concernant mon binôme :

  • Injustice, sans-abris,
  • Vivre malgré tout en leur venant en aide,
  • Les agents de l’aide sociale me connaissent,
  • Mes parents non préoccupés par cela,
  • Ma fille connaît des SDF depuis le lycée,
  • Soutien envers les sans-abris,
  • Mes parents aidaient leurs voisins mais sans être engagés dans une cause.

Ce que j’ai fait de ces éléments :

Le monologue de l’engagement social de la rue

Vous vous attendez peut-être à ce que je vous confie mon ancienne vie de sans-abris, la façon dont les gens m’ont ignorée, m’ont crachée dessus; le souvenir de ce jour où j’ai quitté le domicile familial suite à l’annonce de ma grossesse ou de mon homosexualité ou pire, la façon dont j’ai été chassée brutalement  par mes parents. Enfin, une raison qui expliquerait mon engagement envers cette cause. Au risque de vous décevoir, j’ai vécu une vie des plus normale. J’ai été élevée par des parents tout à fait « normaux », on ne peu plus aimables et serviables envers leurs voisins. Des parents comme on en fabrique encore parfois.

Alors qu’en est-il ?

Pour vous, j’ai mené mon enquête. je suis remonté loin dans mes souvenirs. Mais, au risque de vous décevoir, je n’ai pas trouvé la raison qui me pousse à contacte le CPAS quand j’aperçois un sans-abris en détresse ni même celle qui me fait m’avancer pour parler à ce « porte-pancarte qui pue la pisse » comme j’ai déjà entendu.

Peut-être que ça ne vient de nulle part finalement. Peut-être suis-je simplement gentille ? Peut-on être juste « gentil » ? C’est la question que je me pose chaque fois que j’endosse le corps de – Mère Thérésa- comme dirait ma fille, Lisa.
En évoquant son prénom. Je me remémore cette scène chez ma psy. Une femme grande et brune comme il y en a des centaines sauf que cette grande femme brune porte le même prénom que ma fille, Lisa. Lisa MILLERS. Elle me demande souvent de lui parler de mon enfance, de refaire mon arbre généalogique… Je passe alors mes séances à 120€ de l’heure à lui parler de mes parents, de mes grands-parents, de ma famille, de tout sauf ce qui expliquerait pourquoi je déteste autant l’injustice sociale, car elle ne peut pas faire – de connexions – comme elle dit.
Ce qui me pousse alors à croire que mon engagement m’est dicté par une présence surnaturelle. Peut-être qu’il vient des tripes ? Peut-être que sa source est simplement inavouable ? Ni point A, ni point B, ni point Z. Sans fil conducteur. Sans identité comme cette chose hideuse emmitouflée dans une couverture trouée. Indéfinissable. Insaisissable. Inexistante. Peut-être n’a t-il pas de sens ? Peut-être est-il flou comme mon reflet lorsque je me regarde dans le miroir. C’est peut-être ça. C’est peut-être mon propre reflet que je vois en chacun de ces hommes et de ces femmes pieds nus dans les rues glacées. Je me viens simplement en aide.
Je chasse ma solitude.

Alexandra.