Chloé Guillot Elouard sur le grill !

Pour vous mettre dans le bain, commencez par écouter ceci, puis, poursuivez votre route vers le bar à cocktails…

Vidéo de promotion réalisée par – ©Chloé Guillot Elouard –

Alexandra : Bonjour Chloé ! Vous aviez envie de passer sur le grill ? Très bien, nous y sommes. J’espère que vous vous êtes assez badigeonnée d’écran total…

Chloé : J’habite au pays du barbecue, je suis parée à toute éventualité !

Excellent ! Où est la sauce andalouse ?

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Chloé Guillot Elouard, une professeure de français, expatriée aux États-Unis…

Alexandra : Entrons tout de suite dans le vif du sujet avec une question qui nous turlupine tous ! (ou surtout moi…). Comme nous l’apprenons sur les réseaux sociaux, vous avez fait le choix de vivre aux États-Unis, que souhaitiez-vous trouver là-bas ? Quelles grandes différences notez-vous ?

Il y a d'autres choses curieuses que je n'ai pas encore goûté... Par exemple le humus au chocolat !!

Il y a d’autres choses curieuses que je n’ai pas encore goûté… Par exemple le humus au chocolat !! ©Chloé Guillot Elouard –

Chloé : Alors en vérité, c’est provisoire, et c’est dû au travail de la personne qui partage ma vie. Mais nous avons choisi la destination : un pays anglophone pour faciliter notre intégration et avec tellement de coins mythiques à visiter ! Sauf que je me suis vite rendue compte que parler anglais ne suffisait pas, il fallait aussi s’habituer à toute une culture du langage : les Américains sont plus directs que nous et aussi plus extravertis, ce qui peut être déroutant parfois ! Charline, qui est mon personnage préféré dans Mémoires d’éléphant, est une jeune Franco-Américaine qui n’a pas sa langue dans sa poche ! Aussi, puisque votre blog parle de goût, sachez que j’ai eu l’occasion de tester le PBJ, le sandwich beurre de cacahuète – confiture de fraise, que l’on voit dans beaucoup de films américains et que Charline adore… Et moi aussi !

Alexandra : Wow ! Il me faudra tester cela prochainement alors. Parlons travail… Vous êtes professeure de français. Écrire des livres est pour vous une passion ou souhaitez-vous en faire votre métier ?

Chloé : En fait, on peut dire qu’actuellement, écrivaine et professeure sont mes deux métiers « à égalité ». Concrètement, je suis auto-entrepreneuse, donc mes revenus de livres apparaissent sur mes impôts, à côté de mes cours particuliers !
J’ai toujours aimé écrire, c’est une passion dans ce sens-là, mais pendant longtemps je n’envisageais pas de devenir professionnelle car les conditions sont difficiles et je ne voulais pas être obligée de contraindre mon écriture pour gagner ma vie (par exemple, devoir écrire plus ou plus vite, m’interdire certains sujets).
Aux États-Unis, les auteurs indépendants ne sont pas mal vus : c’est un travail d’artisan, on investit beaucoup d’énergie dans l’écriture, la publication, la promotion et les lecteurs sont seuls juges de la qualité. Donc, j’ai fait de mon rêve un projet et maintenant c’est mon activité professionnelle. Je ne sais pas si j’aurais envie d’être autrice à temps plein, pour les raisons que j’ai évoquées au début (précarité, contraintes) et aussi parce qu’en étant professeure, je rencontre beaucoup de monde, et ça m’inspire toujours pour mes histoires. Et ça c’est très précieux !

Alexandra : Que pensez-vous alors de la formule suivante : « Se sentir écrivain » ? Et vous, vous sentez-vous écrivaine ?

Chloé : Je pense qu’à partir du moment où l’on écrit assez régulièrement, que l’on aime écrire, on peut se sentir écrivain ; et si on est prêt à partager ses textes, alors on est écrivain, parce qu’on a achevé un travail d’écriture. On peut tous se sentir écrivain, avoir cette passion, comme on pourrait avoir la passion de la musique sans forcément faire des concerts. Quand on accepte de mettre le point final à une histoire après l’avoir retravaillée, qu’on la donne au monde, on est écrivain, ça devient un « statut ». Moi, j’ai les deux : je me sens écrivaine, et je suis écrivaine, mais je ne me considère comme telle que depuis que je suis allée au bout du processus. Avant d’avoir publié et d’avoir des lecteurs, je ne le disais pas ; maintenant je me présente toujours en tant que « romancière et professeure ».

Photo spéciale exclusive pour Papiers mâchés

Photo spéciale exclusive pour Papiers mâchés réalisée par – ©Chloé Guillot Elouard –

 

J’en profite pour préciser : être écrivain n’est pas mieux que se sentir écrivain ! Si l’on aime écrire mais pas partager, cela ne veut pas dire qu’on est moins bon, ou moins légitime. Cela veut plutôt dire que c’est une activité qu’on aime faire pour soi, plutôt qu’une activité professionnelle !

Second roman, destination : le handicap. Chloé sensibilise ses lecteurs sur l’acceptation de soi avant de combler les attentes des autres…

Alexandra : Merci pour nous avoir éclairés et de nous avoir transmis vos ressentis sur la question. Parlons de vos romans. – Mémoires d’éléphant – publié le 16 février 2019 est donc votre second roman après – Irrégulières – (dont vous trouverez toutes les informations sur le site web de l’autrice, juste ici). Cette fois, vous abordez le sujet épineux du handicap. Pouvez-vous nous résumer votre ouvrage en nous expliquant votre choix ? En quoi ce sujet vous touche-t-il particulièrement ?

Chloé : Mémoires d’éléphant, c’est la rencontre entre deux mondes. D’un côté, un garçon beaucoup trop sérieux et appliqué ; de l’autre un homme différent, touché par un handicap, et qui du fait de cette différence ne fera jamais ce qu’on attend d’un adulte ordinaire.
Mémoires d’éléphant, c’est le besoin permanent des personnages de satisfaire les attentes des autres ; besoin qui va être ébranlé par un personnage libre d’être lui-même entièrement, avec ses forces et ses faiblesses. Le livre va révéler une série d’évènements qui font qu’à la fin, plus personne ne rentre dans la case dans laquelle il ou elle s’était forcé à entrer !

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de travailler avec des jeunes en situation de handicap, et ils étaient souvent confrontés à ce besoin de faire comme les autres, quitte à souffrir pour les imiter ou à se mettre des objectifs inatteignables. Je trouvais ça révoltant que ces adolescents, parce qu’ils ne pouvaient pas faire les choses « comme tout le monde » devaient faire semblant, au lieu de faire différemment ! C’est pour ça que j’avais envie d’aborder ce sujet : je trouve que les personnes en situation de handicap sont encore plus contraintes que les valides à rester dans des limites fixées par d’autres.

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Photo de couverture du roman de Chloé Guillot Elouard

Alexandra : Le message que vous faites passer est très fort et outre le handicap, Mémoires d’Éléphant traite donc de la tolérance ou encore de l’acception de soi. Comment définiriez-vous ces notions ? Que souhaitiez-vous transmettre aux lecteurs ?

Chloé : Une chose qui me tient très très à cœur dans toutes mes histoires, c’est la manière dont les autres nous influencent. Qu’il s’agisse du couple, de la famille, de l’école ou de la société entière, on se construit souvent par rapport à des attentes qu’on prête aux autres.
On voudrait, consciemment ou non, correspondre à ces attentes, ou les décevoir ; et à force de ne penser qu’aux autres, on passe à côté de soi-même.
Mes personnages sont souvent des gens imparfaits, qui ne veulent pas montrer qu’ils le sont : ils se cachent, ils s’infligent des contraintes, ils sont incapables d’être sincères et… la vie se charge de leur mettre un grand choc qui va les faire s’arrêter et se dire : « Est-ce que j’ai vraiment envie de continuer à faire semblant ? ».

Quand j’écris un livre, j’espère que mes lecteurs s’identifient à ces personnages en difficulté, et du coup, qu’ils ont envie d’être bienveillants ET bien dans leurs baskets ! Il n’est jamais trop tard pour devenir une meilleure version de soi-même, plus fidèle à ses envies et pour s’aimer.

Alexandra : C’est bien vrai ! Je remarque que vous écrivez « Mémoires » au pluriel, quels sont les différents aspects de la mémoire que vous souhaitiez aborder ? Ce titre a-t-il un sens particulier pour vous ?

Chloé : Au départ, c’était plutôt un clin d’œil aux Mémoires en tant que genre littéraire : les Mémoires sont des autobiographies de personnes qui ont été témoins d’évènements importants, et lorsque l’on termine le livre, on se rend bien compte que ce petit éléphant en peluche tient une place très très particulière dans les secrets d’une famille… Mais je ne vais pas tout vous révéler, je vous laisse enquêter !
Évidemment, c’est aussi un jeu de mots avec l’expression « avoir une mémoire d’éléphant », qui veut dire « se souvenir clairement de tout », alors que tous mes personnages luttent pour oublier certains éléments de leur passé qui les font souffrir !

Alexandra : De nombreuses métaphores enrichissent votre roman et m’ont beaucoup interpellées, pourquoi avoir fait ce choix ? N’avez-vous pas peur que certains lecteurs passent à côté de ce qu’elles signifient ?

Chloé : Ça fait partie de mon « style » si on peut appeler ça comme ça, et je l’assume puisque j’essaye d’être moi-même. J’ai une mémoire visuelle, donc les images ont beaucoup d’importance pour moi et c’est souvent pour ça que j’intègre des métaphores. C’est aussi un pari que j’aime bien faire avec le lecteur : sur une image que je donne, aura t-il le même ressenti que moi ?

Dans un livre, il y a toujours deux histoires : celle que j’écris, et celle que le lecteur va réinventer en me lisant. Les métaphores permettent cette liberté d’interprétation. Ça ne me pose aucun problème si elles sont comprises différemment : bien souvent, j’écris des choses avec une intention que personne ne voit, et d’autres choses gratuites sont interprétées. Quand on est écrivain, il faut accepter l’idée que le lecteur rendra le livre un peu différent ! Tout va bien tant que mon message général reste clair : « Soyez bienveillant avec vous-mêmes, embrassez vos imperfections ! »

Alexandra : Le métier de professeure d’Agnès, la mère de Jimmy, serait-il un clin d’œil pour souligner le fait que l’apprentissage de l’amour familial (et l’acceptation de soi) est un travail à réaliser pour Agnès ? De plus, sa fonction est-elle à mettre en lien avec votre propre métier de professeure ? Est-ce seulement ce trait qui vous lie à votre personnage ?

Chloé : Vous venez de donner un exemple parfait de ce que j’expliquais juste avant : vous avez vu dans ce livre un élément que je n’avais pas forcément mis dans cette intention (et c’est génial, c’est là toute la beauté d’un livre !). En fait, j’ai choisi enseignante-chercheuse à l’université parce que cela fait partie, d’après moi, des métiers qu’on peut avoir du mal à laisser à la porte de chez soi en rentrant le soir. Pourquoi ? Parce que c’est une passion, une vocation qui peut toujours s’enrichir et qui est en interaction avec de l’humain, donc de l’affectif. C’était donc un bon point de départ pour faire craquer un personnage trop studieux !
Mais vous avez raison, il y a un parallèle à faire entre le travail d’Agnès et sa relation à son fils : c’est parfois plus facile de régler les problèmes des autres que de toucher à ses propres blessures, à ses propres erreurs.
Mon métier est assez différent de celui d’Agnès car je ne suis pas chercheuse, et d’ailleurs, on m’a un jour reproché d’avoir un regard un peu cliché sur l’enseignement à l’université, car il y avait un personnage similaire à Agnès dans Irrégulières ! Mais j’ai choisi cet environnement, parce que c’est un exemple de métier qui peut occuper vos pensées constamment si vous n’y prenez pas garde ; alors on peut dire que ça se rapproche de moi, quand je me réveille au milieu de la nuit pour noter une idée pour un roman !

Le t-shirt que je porte en dédicace Fais gaffe ou tu finiras dans mon roman

Le T-shirt que je porte en dédicace : Fais gaffe ou tu vas finir dans mon roman – ©Chloé Guillot Elouard –

Je ne pense pas avoir beaucoup de points communs avec mes personnages, dans le sens où je serais incapable d’écrire sur ce que je vis ou ressens actuellement. J’ai besoin de prendre du recul pour raconter une histoire en entier : depuis le personnage de départ jusqu’à son évolution finale. Donc, mes personnages sont plutôt en lien avec des choses que j’ai vues ou connues personnellement, mais que j’ai dépassées : le désir de correspondre aux attentes des autres, le burn-out, les troubles du comportement alimentaire…

Alexandra : Ce qui confirme la place importante qu’ont les émotions au sein d’un roman. L’un de vos personnages principaux, Jimmy, est un petit garçon plutôt introverti et très angoissé. A plusieurs reprises, il sent le besoin de se nourrir de sucreries. Que cherche-t-il à combler ?

Chloé : Jimmy est un garçon qui veut être à la hauteur des attentes (supposées) de sa mère, pour qu’elle l’aime toujours et qu’il ne se retrouve pas tout seul. Une peur de l’abandon assez classique, mais renforcée par le fait qu’il n’a plus qu’un parent, car son père est mort de manière brutale. Jimmy veut donc être un fils parfait, mais c’est impossible d’être parfait ! Alors pour garder le contrôle sur lui-même et donner le change, il se rabat sur la seule chose qui est à sa portée : la nourriture. Avec la nourriture, il peut se consoler tout seul quand il a peur, ou se punir quand il se sent nul. Ça lui donne un cadre, et il a désespérément besoin de se sentir tout le temps cadré.

Alexandra : Pensez-vous que pour protéger son enfant porteur d’un handicap, il faille le cacher au reste du monde ?

Chloé : Surtout pas ! Les personnes en situation de handicap ont autant le droit de vivre leur vie que les personnes valides ; et c’est important qu’elles soient visibles, représentées et acceptées telles qu’elles sont ! Simplement, faire partie du monde n’oblige pas à faire partie du moule : il faut que cet enfant puisse être pleinement lui-même, pas qu’il soit avec les autres pour faire comme les autres.

Alexandra : Est-ce que d’après vous, le regard plutôt froid que nous portons sur le handicap a évolué ces dernières années ? Si oui ou si non, en quoi ?

Chloé : Je pense que ça évolue très lentement, et que le manque de connaissances des différents handicaps provoque des situations terribles. J’ai souvent vu des gens faire des raccourcis vraiment dégradants : Untel a du mal à écrire, alors il doit être idiot, une autre dit qu’elle est handicapée mais ça ne se voit pas, alors ça ne doit pas être si grave… Bref, je pense qu’on gagnerait tous à échanger avec des personnes concernées plutôt que de décider à leur place de ce qu’elles sont capables ou non de faire… Tiens en fait, ce conseil fonctionne aussi pour les personnes valides !

Merci de vous être livrée à plusieurs confidences et de nous avoir éclairés quant à vos intentions cachées derrière votre roman. Deux questions avant d’être prête à déguster…

Alexandra : Est-ce un choix de vendre vos livres sur Amazon ?

Chloé : Oui et non. Être indépendante est un choix que j’ai fait au moment de publier Irrégulières, car comme je l’ai dit : aux USA, c’est un vrai métier et en plus la thématique plutôt féministe de ce roman ne correspondait pas à énormément de maisons d’édition.

Amazon est extrêmement pratique pour vendre mes livres partout, c’est l’idéal en expatriation. D’un autre côté, j’aimerais avoir d’autres moyens de diffuser, car ce site fait de l’ombre à des passionnés (libraires, éditeurs, imprimeurs) qui ont plus besoin de notre soutien qu’un milliardaire ! C’est donc à réfléchir pour mon retour en France…

Quand on m'achète mes deux livres d'un coup et que je ne sais plus quoi dédicacer sur le

Quand on m’achète mes deux romans d’un coup et que je ne sais plus quoi dédicacer – ©Chloé Guillot Elouard –

Alexandra : Un troisième roman est-il en cours de cuisson ?

Chloé : Deux projets marinent dans mon cerveau en ce moment, je grattouille un peu, mais je ne sais pas encore lequel sera cuisiné le premier !

Alexandra : Merci beaucoup Chloé pour le temps que vous avez passé sur le grill. J’espère que vous n’avez pas eu trop chaud !

Chloé : J’espère ne pas avoir éteint les braises à force de souffler d’aussi longues réponses ! 😉

Chloé Guillot Elouard a été cuite avec virtuosité par ©Alexandra Papiers Mâchés.

Chloé : Merci beaucoup Alexandra pour ces questions très intéressantes ! C’était un plaisir !

Un plaisir partagé !

Son roman est disponible sur
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Retrouvez ma chronique gourmande sur le roman de Chloé Guillot Elouard – Mémoires d’Eléphant – juste ici.

Si vous aussi, vous souhaitez découvrir à quelle sauce vous allez être mangé, rendez-vous dans la rubrique – contact – 🙂

La métaphore du handicap

Je lis des auto éditéslogo-dMémoires d’éléphant, de l’autrice Chloé GUILLOT ELOUARD, 300 pages, disponible en version brochée ou en version électronique sur Amazon, paru le 14 février 2019.

 

Le résumé selon Jimmy, sa rencontre avec Christopher, un adulte qui se promène en pyjama, a été surprenante et non choquante. Charline vous dira que les adultes ça craint parfois. Christopher se retiendra de faire pipi sur lui. Agnès tentera de corriger ses copies de la fac tout en prenant garde de rester dans les traces de Nina et de Simon, ses beaux-parents qui ont malheureusement perdu leur fils, Lucas, le père de Jimmy, dans un accident de voiture. Vous me suivez ?

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Je reste dans le thème de la mémoire avec le magnifique roman de l’autrice Chloé GUILLOT ELOUARD – Mémoires d’éléphant. Elle m’a offert une vision dramatique de l’acceptation du handicap et du poids qu’ont les regards des autres sur celui-ci. Pari gagné pour l’autrice qui nous plonge dans un univers de douceur, de mépris, de violence cachée. La couverture du livre me fait penser à un univers enfantin comme celui de « Wonder », de l’autrice R.J. PALACIO. La couverture est très colorée et très vive et, appelle à tourner la page pour commencer la lecture.

Comme à chaque fois que je lis une citation, je m’attends à en comprendre le sens à travers ma lecture. Ici, je suis servi et, je l’interprète comme étant un avertissement pour me permettre de faire attention à ce que ce mot signifie : l’intelligence.

Parlons des nombreux personnages de ce roman. Dès les premières lignes, je fais la connaissance d’Agnès, la mère de Jimmy. Elle semble sensible aux regards des autres et se veut de garder son image de -Madame Parfaite-. Cette image de la femme mère célibataire qui élève seule son enfant, soulève la difficulté de tenir face à la pression d’assurer au quotidien. Surtout quand on côtoie des personnes carrées dont pas un cheveux ne dépasse. De plus, elle porte une dette envers ses beaux-parents qui l’ont soutenue après le décès de son mari. Une dette lourde de conséquences, car elle ne permet pas à Agnès de s’épanouir véritablement, cherchant toujours à se faire bien voir de ses derniers. Cette pression se transpose également sur Jimmy, qui lui subit le harcèlement d’un de ses camarades, parce qu’il porte l’étiquette de -l’intello de la classe-.
Le personnage de Jimmy est vraiment attachant. Sa volonté de bien faire les choses, de gérer ses angoisses est émouvante. Le fait qu’il soit souvent livrer à lui-même, lui avise difficilement l’apprentissage de la solitude et de l’indépendance. La peine qu’il éprouve pour parler de ses émotions renverrait-elle au fait que sa mère elle-même ait du mal à tourner la page de décès de son mari ? De quoi Jimmy a-t-il peur au juste ?
Son amie et son amoureuse secrète, Charline est un personnage au caractère fort qui contraste avec la douceur que Jimmy incarne. J’aime son côté rebelle et son franc parler. Je trouve qu’ils se complètent à merveille !
Christopher est un adulte présentant un retard mental. Son père, Clovis, le protège du mieux qu’il peut mais, ne cesse de l’enfermer dans sa tour car il a peur que son fils souffre trop et, que certaines personnes l’embêtent. C’est un message que l’autrice souhaite nous faire passer. Christopher est un être très émotif qui ne fait de mal à personne, et qui essaie tant bien que mal de mener une existence paisible en gérant au mieux ses angoisses. Si nous prenons le temps de connaître ces personnes dans notre vie, elles peuvent nous permettre de changer notre point de vue sur le handicap qui peut être associé à la peur de l’inconnu. Croyance négative et irrationnelle.

L’apparition de Puppy, le doudou de Christopher est superbement amenée. Le petit clin d’œil de l’Amérique où habite l’autrice est bien glissé. Je fais l’hypothèse que Jimmy aime Puppy l’éléphant en peluche, qui n’est plus très neuf car il serait écorché vif comme lui à l’intérieur.

J’aime ce rôle poussé qu’ont les parents des enfants. Toujours à vouloir protéger. Mais protéger quoi dans le fond ? Leurs enfants ou l’image que leur handicap renvoie ? Est il bon pour les enfants, de les protéger de tout (mon extérieurs, personnes…) ? Ne fait-on pas alors aggraver leurs angoisses et la peur de s’exposer au monde en les privant de faire leurs propres expériences de la vie ?
C’est drôle la façon dont le rôle de la mère, absente du foyer, est présente dans ce roman avec en contraste le père de Jimmy décédé et celui de Christopher trop protecteur. Les émotions sont soient tuées soit disproportionnées. La recherche d’un équilibre se veut être en arrière plan, le temps que cette idée mûrisse pour Agnès principalement.
Ce portrait disproportionné laissent naturellement place à des secrets de familles, des non-dits, qui rendent le roman plus profond et les mystères plus attrayants.
La distance instaurée entre les parents et les enfants est visible dans l’absence de gestes tendres les uns envers les autres. Le métier de professeure de la mère de Jimmy serait-il un clin d’œil pour souligner le fait que l’apprentissage de l’amour familial est un travail à réaliser pour Agnès ?

Ce qui m’a le plus marquée et que j’ai adoré par dessus tout est, le nombre fou de métaphores imagées que l’autrice a glissé dans son roman. Les avez-vous comptabilisées ? Un exemple rien que pour vous : à un moment, Jimmy paie la boulangère avec des pièces rouges, elle met alors longtemps avant de compter l’ensemble et voir si le compte est juste. Il veut lui montrer que le temps est une denrée rare et, qu’elle ferait bien de l’apprécier, au lieu d’être grognon tous les jours. Magnifique non ? Ce roman ne comporte pas d’images mais ces métaphores viennent divertir notre part de création et d’imagination des scènes.

L’autrice aborde la notion du deuil à la fois d’un parent mais aussi d’une façon de vivre qui ne nous convient pas. Jimmy mange t-il beaucoup pour combler ce vide ? C’est une belle image que de laisser la place à la génération suivante même si l’image de la mort encercle cette idée. Le style de l’autrice est doux et fluide. Elle évoque de nombreux sujets forts avec une sensibilité qui me touche. Je suis rentrée très facilement dans l’histoire.

C’est lorsque je m’y attends le moins que l’histoire prend une toute autre tournure. Je suis vraiment surprise des rebondissements mais, je vous rassure dans le bon sens. J’adore vraiment la façon dont l’autrice a bousculé mon petit moment de lecture qui se voulait -tranquille- et que je pensais intouchable. Elle m’a secouée et je l’en remercie ! Aussi surprenant que la couleur pétillante que renferme le kiwi. Les petits grains représentent pour moi le sel de la vie…

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Un Sanglot psychologique qui me fait penser au kiwi. Fruit qui rebute par son apparence poilue, à l’intérieur se cache pourtant le rêve d’une vie pleine de peps… Trouvez le votre chez votre commerçant de proximité.

L’autrice nous permet de réfléchir quant au regard que l’on porte sur le handicap. A travers ce roman d’une douceur sans égal, le message passe de façon non agressive : la discrimination et les jugements font plus de mal qu’autre chose et, desservent un avenir plus serein. C’est fou comme les enfants portent en eux l’héritage de leurs parents : parlez à vos enfants, pour leur éviter de refaire les mêmes erreurs que vous regrettez aujourd’hui, tout en leur laissant leur part d’expérience personnelle. Un petit message pour les personnes attachées à l’image qu’elles renvoient : pourquoi vous sentez-vous obligé de conserver une image qui ne vous correspond pas et ne reflète pas les facettes de votre personnalité, osez l’aventure ! Enfin, les non-dits et les secrets de famille isolent tous les membres qui la compose, effaçant ainsi toute notion de bonheur, ce qui est très visible dans ce roman et merveilleusement bien décrit.

Le mot de Chloé :
J’aime bien me dire qu’à la fin de ce livre, vous aurez gagné un peu de courage et de bienveillance envers les autres et envers vous-même.

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Et vous l’avez-vous lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

Avez-vous une mémoire d’éléphant ?

Retrouvez toutes mes chroniques gourmandes dans les rubriques « Livres par auteurs » et « Livres par titres » !

Pour vous procurer ce roman allez visiter le site web de l’autrice juste . Vous pouvez aussi vous rendre sur Amazon en cliquant juste ici.