Virginie Vanos sur le grill !

Virginie VANOS, autrice du roman – Anna Plurielle – entre autres…

Alexandra : Bonjour Virginie, bienvenue dans « Auteurs sur le grill ! », pas trop stressée j’espère ? Ça devait arriver tôt ou tard… !

Virginie : Par écrit, mon seul stress est de faire des fautes d’orthographe, prise par l’action, mes pensées vont plus vite que mes doigts sur le clavier !

Dommage que vous n’ayez pas d’échappatoire…

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Passons en cuisine pour une présentation succincte de l’autrice et de son roman, Anna Plurielle…

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Alexandra : Entre reportages photos, voyages au bout du monde, autrice… vous semblez être une femme qui a la bougeotte ! Pouvez-vous nous dire qui est Virginie Vanos derrière ces multiples facettes ? Ces nombreux paysages vous aident-ils à écrire vos fictions ?

Virginie : Ah ça, c’est la question que j’ai arrêté de me poser, sous peine de frôler la méningite ! Vous définissez une partie de ce que je réalise… Mais ce que je suis… ? Mon Dieu, si  je le savais ! Une espèce de nomade, un curieux mélange d’introversion et d’extraversion, tantôt dure, tantôt douce… Une seule chose est vraie : mes voyages m’inspirent parfois, mais toujours, ils me permettent le recul nécessaire pour aborder de nouveaux romans. Les rencontres que je fais à l’étranger impactent aussi énormément mon écriture, ainsi que le ou les sujet(s) que je choisis d’aborder.

Alexandra : J’ai eu la chance de lire un de vos nombreux romans : Anna Plurielle. Vous embarquez les lecteurs à travers les limites de l’immortalité avec un style humoristique. Pourquoi avoir choisi un tel thème et quel message souhaitiez-vous faire passer ?

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Photo de couverture réalisée par ©Marc Naesen, photographe

Virginie : En fait, la Genèse de ce roman est beaucoup plus bête et prosaïque que cela ! Une de mes amie s’est plainte que mes romans n’étaient pas toujours d’une folle gaîté et qu’il y avait toujours minimum un décès tragique par récit. J’ai répondu « Chiche que j’écris un  livre où ça meurt toutes les dix pages tout en restant positif, optimiste et joyeux ! ». J’ai eu l’idée des réincarnations d’Anna et de son évolution à chacune d’entre elles. Je ne voulais pas faire dans le prêchi-prêcha spirituel ou religieux, je crois que je voulais juste parler du destin multiple d’un personnage. Ce qu’Anna réalise au cours de 8 incarnations est à mes yeux chose possible pour chacun d’entre nous en une seule vie… Si on en a le cœur, la motivation et l’envie, bien sûr !

Je ne voulais pas non plus tomber dans le bouquin feelgood, vu l’horreur que j’ai de ses manuels ou romans qui semblent nous dicter la recette miracle pour être heureux. Par exemple, quand j’ai un grand choc émotionnel négatif, je passe par une phase de chutes de tension à répétions, qui finissent toujours par quelques jours au lit,  pioncer 14 heures par jour, à lire et jouer avec mon chat. Je récupère ainsi en maximum une semaine, tant physiquement que moralement. Dans notre société qui met sans cesse la productivité en avant, qui condamnent ceux  qui ne vont pas de l’avant constamment, et qui se rit des peines, des deuils et des traumas, ça fait désordre. Si vous saviez tout ce que je peux entendre comme critiques et conseils à la con pour « maîtriser et contrôler » mes phrases de repli sur moi et sur mon petit monde sécurisant ! Je ne crois pas abuser avec une semaine grand max par an passée dans mon plumard à me ressourcer. C’est peut-être ma façon d’être un peu une Anna qui se pose, le temps de souffler, entre deux incarnations.

Bref, mon message serait « Évoluez si bon vous semble, faites comme vous le sentez, mais sachez qu’il est naturel d’avoir besoin de moments de respiration dans l’existence. »

Alexandra : Faites-vous une différence entre l’immortalité et la réincarnation ?

Virginie : Pas vraiment, en tout cas, je n’en suis pas tout à fait certaine… Je crois en l’immortalité de l’âme, et au fait que l’on continuer à évoluer même après notre mort physique. Je pense que la réincarnation doit sans doute exister, mais je ne peux pas dire que j’y crois tout le temps. J’ai trop de doutes, trop de questions et trop peu de réponses, le sujet est trop grand et je me sens bien petite et bien humble face à tout cela.

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Photo prise par ©Sonia Willems lors d’une séance de dédicace

Alexandra : Comme Anna, avez-vous la capacité de vous réinventer à travers vos personnages ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?

Virginie : Je ne pense pas me réinventer autour de mes personnages. C’est plutôt mes changements de vie, mes humeurs, mes phrases émotionnelles, mes découvertes qui font surgir les personnages en moi et devant moi.

Parce-que vous vous intéressez également à la beauté, ses normes…

Alexandra : Anna, malgré ses nombreuses réincarnations, garde entre autre, ses yeux bleus. Est-ce là un symbole sensibilisant le public au regard que nous portons sur autrui ?

Virginie : Plutôt le regard que nous portons sur nous-mêmes, nos actes, nos rêves nos joies, nos regrets et nos chagrins. Les yeux d’Anna sont d’abord des ouvertures sur son monde intérieur. Si elle ne sait pas qui elle est et ce qu’elle veut, comment pourrait-elle alors considérer le monde avec justesse et bonté ? Celui ne se connaît pas n’aura jamais le don d’altruisme, d’amour et d’amitié à l’égard d’autrui.

Alexandra : À plus large sens, les critères de la beauté et de ses normes sont d’or dans notre société. Diriez-vous que l’apparence physique peut être source de discrimination ?

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©Virginie Vanos – Coup de gueule !

Virginie : Oui, mille fois oui ! C’est presque une obligation légale d’être beau, jeune, enthousiaste et en bonne santé ! Si je dois juste parler de mon histoire, j’ai eu un cancer du sein 2017 qui a été résolu avec une « simple » mammectomie avec reconstruction immédiate et sans traitement adjuvant. Lors des premiers mois, j’étais vue comme un genre de Superwoman qui avait vaincu le cancer avec élégance et brio. Ensuite, j’ai cumulé les soucis suivants : staphylocoque, abcès, épanchement lymphatique, fibrose et aggravation de mon endométriose. On ne peut pas dire que j’étais marrante, fun et sexy durant les deux dernières années.

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©Virginie Vanos

J’ai eu droit à un sacré paquet de rumeurs infamantes, d’insultes sur mon état physique et psychologique présumé et surtout, j’ai été rejetée par bon nombre de gens. J’étais (et je le suis encore un peu aujourd’hui) taxée de personne toxique. J’ai perdu des potes, une partie de mes projets, une bonne part de mes économies… Mais le pire était d’entendre que j’étais une emmerdeuse vieille, moche et puante (dixit !). Un de mes anciens amoureux, pourtant nettement plus âgé que moi, m’a traitée de vieille femme dégueulasse. Quand j’ai voulu lui répondre, il m’a rétorqué « C’est pas de ma faute si tu es moche ! ». Des histoires pareilles, je pourrais en raconter plusieurs dizaines…

Alexandra : Ainsi va le modèle de notre société… Selon vous, sommes-nous à la poursuite d’un idéal de beauté élusif ? Portez-vous des expériences négatives, discriminantes ou raciales ?

Virginie : Pour les femmes, interdiction d’avoir plus de trente ans (sauf si on est une « honorable épouse et mère de famille »), il faut être fine comme un roseau mais avec une belle poitrine, n’avoir ni rides ni acné, être toujours souriante et péter le feu côté sexuel et sexualisation ! Bien sur, être de type caucasien est un avantage. Mais être Russe ou du Sud-est asiatique est aussi un énorme bonus.  Il faut être élégante, intelligente mais ne pas trop la ramener et se cacher si on a le malheur d’être enrhumée ou d’avoir une gastro. Oui, j’ai dû faire face à des discriminations face à mon état de santé, mon âge (le spectre de la quarantaine est doucement en train  de se dessiner à l’horizon….), de mon orientation sexuelle (que je qualifierais d’initialement bisexuelle évoluant ensuite vers une hétérosexualité très romantique et moyennement charnelle pour s’achever enfin en asexualité presque totale), mes croyances religieuses (je me considère comme monothéiste non-identifiée à tendance ésotériste et imprégnée de philosophie orientale), des mes opinions sociopolitiques et de mon absence totale de désir d’enfants. Bref, je ne rentre dans aucun schéma préétabli. Ça dérange, ça perturbe, et occasionne des rejets fréquents de tout ce que je suis et de ce que je ressens.

Alexandra : Je ne rentre pas dans ces pseudos critères ni vous d’ailleurs, cela fait de nous des femmes différentes… mais tellement riches ! En quoi cette recherche d’idéal peut freiner l’acceptation de notre image ? Peut-on parler de « stratégie » à adopter pour ne pas affecter notre estime de soi et notre confiance en soi, selon vous ?

Virginie : Je ne crois pas qu’il y ait de bonne stratégie, en tout cas, je n’en ai pas développé. J’avance au jour le jour. Il y a des jours où j’ai envie de hurler « Arrêtez-moi, empêchez-moi de nuire, je suis une atteinte au bon goût élémentaire !), d’autres où je suis moyennement satisfaite de ce que je suis, intérieurement et extérieurement. Je ne me suis jamais aimée, d’aussi loin que je m’en souvienne. J‘ai des parents, des amis et des collaborateurs qui m’aiment à ma place, cela me suffit et c’est mieux comme ça. Le système est loin d’être idéal, je ne pense pas que ce soit la meilleure voie, mais c’est la seule qui me convienne sur le long-terme.

Alexandra : Trouver sa place pour Anna est très difficile au même titre que jongler avec différentes personnalités. L’une de ses missions est de « vivre un véritable amour ». Pensez-vous que cela soit possible de nos jours ?

Virginie : Me demander cela, c’est comme demander conseil à un avocat qui sort de prison ! Oui, je connais des couples, homos et hétéros, mixtes comme homogames ; heureux et harmonieux sur la durée. Mais ce n’est pas mon cas et ne l’a jamais été, même si certains êtres m’ont apporté joie et bonheur pendant quelques semaines à quelques mois.  En ce qui me concerne, je n’attends rien, je ne cherche pas, mais qui sait ? L’avenir peut réserver des surprises.

Alexandra : Sa dernière mission est d’ »avoir une pensée philosophique faisant avancer l’ensemble de la pensée humaine et la diffuser ». Quelle serait la votre ?

Virginie : Mieux vaut se tromper d’idéal que de ne pas en avoir du tout. Aimer, même sans espoir de retour, car le don de cœur n’est jamais perdu. Ayez autant de rêves que de projets. Dites oui ou non, mais soyez toujours sincère. N’ayez pas peur de prendre des risques. Osez, soyez libres dans vos têtes et dans vos cœurs, gardez les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

Une dernière question avant d’être prête à dégustée…

Alexandra : Des projets en cours ?

Virginie : Mon dernier roman, « Negombo », est dès à présent disponible !

 

J’ai quelques voyages photo sur le feu, encore 4 jusqu’ la fin de l’année 2019. Deux stages de plongée sous marine (sport dont je suis follement éprise !) en plus de mon entraînement bihebdomadaire. La reprise des séances photo  comme modèle, peut-être, pour autant que je sois en bonne forme physique et morale. Et sans doute, en décembre prochain, comme chaque année, je vais commencer à réfléchir à un prochain roman…

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©Jean-Luc du Relax Diving Club de Bruxelles

Alexandra : Merci beaucoup Virginie pour le temps que vous avez passé sur le grill. J’espère que vous n’avez pas eu trop chaud !

Virginie : Non, les propos que  nous avons échangés a été pour moi comme un grand vent frais !

Virginie Vanos a été cuite à feu doux  par ©Alexandra Papiers Mâchés.

Cuite à point, comme une bonne petite brioche dorée ! Merci Alexandra !

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