La mémoire impalpable

Édité le 13 février dernier par Les Éditions Taurnada, le thriller de Tito Desforges « La machine à brouillard » plonge le lecteur dans les profondeurs de la folie. Saurez-vous rester entiers face à votre propre reflet ? Un roman poignant qui se déguste avec un dessert exquis.

Fond noir, cannelle, glace vanille, crumble aux pommes, thriller psychologique… la boucle est bouclée.

Un sérieux cocktail Molotov piégé au sein de ce thriller sous haute tension

Complot, dégénérescence, manipulation, trahison, folie. Si vous désirez braver les mailles malades du cerveau d’un ancien soldat, alors poursuivez votre lecture. Je vous révèle les coulisses de la machine à brouillard.
Suis-je déjà en train de perdre la notion du temps ? Probablement. Certainement même. Plus j’avance ce dans ma lecture et plus ma raison prend peur et tourne en rond ne m’offrant que de courts laps de temps de respiration. L’incompréhension me gagne très vite, mais mon envie de savoir est plus grande.

Mais reprenons depuis le début. Nous suivons les traces ensanglantées laissées par un certain Mac Murphy, ancien soldat au tempérament de feu. Prêt à tout pour protéger sa fille, Louise, des mains des habitants de Grosvenore-Mine.

Je dois vous avouer avoir été perturbée du début à la fin par cette lecture, ne comprenant pas par quel bout commencer mon analyse. En entête comme indice, des signes de suivi psychiatrique et d’une expérimentation médicamenteuse pour dissiper ce brouillard qui hante le soldat d’élite Mac Murphy. L’humour en étendard et un franc-parler pour nous guider sur les routes presque désertes de ce petit village australien.

Des scènes à la Kill Bill

L’action ne tarde pas à arriver. Beaucoup de scènes séquencées et violentes dans ce roman qui ne laissent aucune chance au lecteur de reprendre son souffle. De plus, aucun des indices présents ne permet de se repérer dans l’espace temps. J’admire ce genre de roman qui nous livre un récit brut, cadenassé.

Une thématique se dégage. Le témoignage d’un père qui s’est fait le serment de protéger sa fille quoi qu’il advienne de lui, où qu’elle soit. Certains passages sont vraiment très poignants. Surtout lorsque la folie se mêle à cet amour incommensurable. Déceler le vrai du faux devient littéralement une torture où se dégage une certaine mélancolie. Mac Murphy me fait énormément de peine et je ne peux qu’être admirative face à sa détermination sans limite, jusqu’au meurtriment de son âme et de son cœur.

Mais certaines questions demeurent encore sans réponse. Est-ce une expérimentation ? Un complot ? Un rêve? Que de stratégie pour tenter de trouver l’unique raison, ce secret qui maintient cet homme hors du commun, en vie.

Quand la mémoire fait défaut

Perdre la mémoire est de loin ma plus grande peur. Alors, quand j’en lis les effets secondaires, je ne peux que paniquer. Les émotions ressenties par Mac Murphy sont si intenses qu’elles prennent aux tripes.

Passer d’un décor à un autre rend dingue. Néanmoins, une certaine logique se dessine vers la fin de cette ouvrage qui ne laisse pas indifférent. La plume de l’auteur est assez particulière pour nous rendre accro en quelques pages à un scénario loufoques mais étudié et calculé. Il dresse le portrait d’un homme ordinaire au quotidien extraordinaire dans lequel chacun peut se reconnaître. Il nous rend témoin de sa descente aux enfers. Impuissante, je poursuis ma lecture, dans l’espoir de trouver une échappatoire.

Une fin sous haute tension

Mais quelle scène finale ! J’en suis encore choquée. J’ose à peine sortir de cette lecture en apnée. C’est tellement bien pensé que ça me laisse sans voix (et il m’en faut beaucoup).

Tout au long de ce thriller psychologique, nous alternons des moments de conversation entre médecins et Mac Murphy, des scènes d’actions d’une violence inouïe et d’autres floues et énigmatiques. Je me suis souvent demandé où j’allais atterrir. Mais le plus émouvant dans ce roman reste l’amour d’un père pour sa fille et cette sensation que notre présent nous échappe. Quand je repense à tout ce que Mac Murphy traverse, me vient en coup de poing, l’ironie d’une vie gâchée par le trou noir de l’avenir.

Peut-on dissiper le brouillard dans lequel Mac Murphy s’est enveloppé si précautionneusement ? J’en doute fort.

Encore une touche de folie ? Découvrez le mot de Tito

Dans une autre vie, j’ai vécu une poignée de mois dans le bush australien, à l’ouest du Queensland, pas trop loin de la frontière du Northern Territory, à deux ou trois encablures de la petite ville minière de Mount Isa. Les bleds qu’on trouve dans cette région reculée sont semblables à celui – fictif – de Grosvenore-Mine que je décris dans « La Machine à brouillard ». L’ennui y règne en second maître après le soleil, le troisième étant Dieu, représenté par une, deux, voire trois églises. Les gens y vivent comme des colons de l’ancien temps, à la fois brutaux, presque asociaux, et bizarrement complices, unis contre l’adversité. On n’y aime pas les étrangers. Pas du tout… Quand Joël Maïssa des éditions Taurnada, au vu d’autres de mes écrits, m’a conseillé de réaliser un thriller « du genre dur, impitoyable », mon esprit est immédiatement retourné là-bas, dans l’Outback australien. Et voilà. Tito Desforges.

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13 février 2020
9.99€ en librairie
5.99€ en e-book

Disponible en ligne et en librairie sur : Fnac, Decitre, Amazon, Cultura, etc.

Merci à Tito de m’avoir retourné le cerveau, m’avoir fait douter. Merci à Joël pour une fois encore, nous avoir dénicher un livre hors du commun !

Des fous échappés d’un asile – @LilyLanovaz

Des fous échappés d'un asile - Eliane LANOVAZ

Rappel résumé

Quand l’apocalypse zombie éclate, les patients d’un hôpital psychiatrique de la rase campagne française se retrouvent livrés à eux-mêmes. Survivre, prendre soin les uns des autres, découvrir ses forces quand le monde n’a vu que des faiblesses… Autant d’enjeux pour les protagonistes de ce roman.

 

 

Mon avis :

Arrêt au chapitre 7.

Je ne peux que commencer par souligner la proposition de l’autrice, avec un titre à double sens, que je trouve très intéressant et, dont elle mentionne le concept en avant-propos. En effet, elle choisit de bouleverser les clichés et les préjugés que l’on peut avoir vis-à-vis des personnes malades mentales. En évoquant des « fous » qui s’échappent d’un asile et qui seront traqués par des zombies, elle met en relief ingénieusement l’idée que, d’une part, l’hôpital est un lieu d’isolement comparable pour les patients à une « prison » mais, qui s’avère plus sécure que l’extérieur où la menace zombie gronde. D’autre part, la menace provenant de l’extérieur, elle souhaite montrer que ce ne sont pas les « fous » eux-mêmes qui sont violents, et font peur, mais bien les zombies. Elle casse donc un préjugé tenace.

Il y a beaucoup de personnages dans cette histoire et je vous avoue avoir été un peu perdue. Cependant, l’autrice a pris le soin de détailler chacun d’eux en début d’histoire où l’on peut se reporter, ce qui est très appréciable. J’ai l’impression d’être dans un huis-clos tant les personnages sont tous cloîtrés ensembles. Je me demande si tous, vont s’entraider, ou se jouer de sales tours. Qui prendra la place de leader dans ce groupe ?

Éliane nous propose des morceaux audios pour accompagner certains chapitres, ce que je trouve super, car ils sont dans l’ensemble bien choisis pour la lecture (si on aime lire en musique ben sûr !). Cependant, j’aurai aimé avoir un petit indice pour savoir quand, dans le chapitre, mettre la musique pour profiter des émotions qui ressortent.

Je dois bien avouer que le style de l’autrice est clairement différent par rapport à son premier roman, souvenez-vous – Va, chasse la grisaille – (dont ma chronique est juste ici). Ici, plus de mots répétés, mais une écriture fluide. Nous ne sommes pas dans la tête des personnages mais suivons l’action d’un point de vue extérieur, qui pourrait par moment être écrite au temps présent, pour plus de dynamisme. J’espère vraiment que durant les chapitres précédents, j’arriverai à distinguer les réactions de chaque personnage. Le thème de la maladie mentale demeure chez Éliane et c’est d’ailleurs ce que j’apprécie.

Outre le côté fiction avec les zombies, l’autrice évoque donc la difficulté de l’isolement des patients mais également, la délicate question de la médication : favoriser ou non l’automédication ? Ne dit-on pas que seule la personne se connaît vraiment et est à même de décrire son mal ? Tout dépend de la situation me direz-vous et de la maladie dont souffre le patient. En parlant de maladie, l’autrice nous souligne la difficulté de poser un diagnostic sur des réactions, des symptômes ou des troubles. J’aime l’idée d’une entraide entre patients et soignants. N’est-ce pas là, la vocation d’une relation duale du « prendre soin » ?

Enfin, il y a des rebondissements auxquels je ne m’attendais pas, ce qui donne plus de force et de vie à ma lecture. Je dirai pour conclure que j’aime que l’autrice avertisse son public des sujets sensibles qui sont abordés dans un chapitre. Cependant, je trouve que cela casse un peu le suspense, car nous savons quels sujets vont être abordés De fait, on s’y attend un peu à la lecture, et cela annule l’effet de surprise qu’il peut y avoir, même si nous ne savons pas quel personnage sera touché.

Dans l’ensemble j’ai apprécié cette fiction et j’attends la suite des aventures de ce groupe déluré.

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